2 : Deux Annees Pour Apprendre A Vivre
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Il se tenait là. Là où 6 années auparavant tout avait commencé. Il se souvenait de tout. De l'enfant apeuré dans la rue. Il redressa son stetson et reprit la route par l'allée centrale du Comté de Lincoln. La place était déserte à cause des récents évènements. Pendant les deux années où il avait été en prison, pas mal de choses avaient changé et les pourris s'étaient révélés.
Alors que le soleil ardent tapait contre sa nuque, il affichait un puissant sourire. Le sourire de l'homme qui sait qu'il va rentrer dans la légende. "Le temps n'était pas si chaud finalement", se dit il intérieurement. Un vent brutal venait étrangement rafraîchir la grande route qui le menait vers la maison de Pete.
Chaque pas le rendait un peu plus sombre. Pete Maxwell était un bon ami, malheureusement souffrant. Pendant la guerre du conté de Lincoln, deux ans auparavant, il avait été violemment touché par une balle et était alité.
Il passait maintenant devant l'ancien Saloon, et il se rappela. Ça faisait 6 ans qu'il ne l'avait pas vu et il se demanda où ce bon vieux Nestor était passé. Au loin, il apercevait enfin la maison de Pete, tout prêt de Fort Summer. Et alors que le gravier crépitait sous ses semelles de cowboy, il serra fort contre lui les deux croix qu'il chérissait tant. Non. Il n'avait pas fait tout ce chemin pour rien. Tous ses crimes; ses 4 longues années à chercher vengeance.. Les blessures, les trahisons, les décès de ses compagnons, la prison.. Ce qui ne l'avait pas tué, l'avait rendu plus fort. Plus fort pour accomplir sa destinée. "Si ma prime doit avoir une raison valable, je vais la lui donner... Pour elle", se répétait il.
"- Pete va me donner la clé d'accès à ce fumier. Oui dans 1h, je suis sur que je t'aurai vengé Régante.." marmorna t'il, le poing serré sur ses deux croix.
Il se répéta son nom sans cesse, se retenant de toute larme. Il savait qu'au bout du chemin se trouvait la concrétisation de ce qu'il cherchait depuis 4ans.
-" Il faut que tu viennes. J'ai des informations sur ce fameux Patrick que tu cherches tant"-
Il relisait encore & encore le télégramme de son ami, et le chiffonnant fièrement à la face du monde, il se jura qu'aujourd'hui serait un jour historique. Et tandis que le soleil de plomb continuait de l'assomer, Henry avançait fièrement se rappelant de ses 6 longues années passées depuis qu'il avait quitté le Comté de Lincoln...
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6 ANNEES AUPARAVANT, 1875, COMTE DE LINCOLN.
Henry tremblait. Il n'osait pas se retourner mais il savait pertinemment qui était derrière lui. Les chaînes tintaient sur le sol froid, sol où il se voyait déjà étendu. Il ferma les yeux, très fort. Tellement fort qu'il sentait toute la peau de son visage se contractait. Mais rien. Il se retourna timidement. L'homme aux chaînes était bien là, derrière lui, le pied gauche légèrement en avant, la croix blanche glissée dedans reflétait d'ailleurs un étrange bout de métal. Henry leva les yeux, et fut ébahi par l'imposant fusil que le bandit tenait d'une main. Il retint son souffle.
L'homme ramena enfin son pied au même niveau que l'autre. Au loin, on écoutait les cris des adjoints. Il se retourna, s'avança légèrement, regarda le sol, puis pointa son fusil dans l'embouchure de la rue. Un adjoint arriva en courant, et mourut instantanément touché par une balle. Les autres, alertés, lancèrent le message en se dirigeant par là. L'homme au fusil se mit alors à courir en direction de la sortie de la ville. Henry, paralysé, resta sur place et à l'arrivée, le shérif l'empoigna vigoureusement :
"- Qu'est ce que t'as fais ??
- C'est pas moi !! C'est l'enchainé !! Il est parti !!"
Le shérif le prit brutalement par le col et traîna sur le sol en se lançant à la poursuite du bandit. Henry avait mal; son pantalon se déchirait à mesure que William accélérait. Les adjoints, petit à petit, se disséminaient dans les rues adjacentes et il ne resta plus que le shérif et Henry en fin de route. Le shérif Antrim lâcha brutalement Henry sur le sol. Il pleurait et était ouvert en de multiples parts.
"- Cesses de pleurnicher comme une filette gamin !"
Henry affichait une haine pour cet homme qui ne le considérait en rien.. Alors il se leva et dans un excès de rage, il prit le Colt de son beau-père, qui, le regardant avec mépris, lui dit :
"- Bon et maintenant qu'est ce que tu vas faire hein ?! MAUVIETTE ! "
Un coup de feu déchira les oreilles d'Henry, et déchira les vêtements de William Antrim. Il tomba à terre, raide mort. Henry, effaré, leva les yeux, et l'enchainé se tenait là, le fusil fumant. Ils se regardèrent dans l'obscurité totale. Ils se savaient s'observant. Henry ne savait plus quoi penser. Au fond la mort de son beau-père l'ôtait du poids de ses méchancetés et de ses mauvais traitements.. Lui, qui avait vécu à l'ombre de sentiments depuis le décès de sa mère, qui avait connu des longues soirées seul, bien trop sombres pour un enfant..
Mais il se retrouvait seul.. Et il tenait le Colt de son père... Il fut interrompu par les cris des adjoints qui arrivaient en grande cavalerie. L'enchaîné siffla son cheval, noir comme l'ebène qui apparut dans les secondes suivantes. Soudain un coup de feu siffla près des oreilles d'Henry, et le cheval se cabra légèrement. Le coup avait atteint le sol juste à côté des sabots du cheval. Les adjoints hurlaient maintenant des choses que Henry ne captait que partiellement. Il était dans une sorte de tumultes, il ne comprenait plus vraiment quoi faire quand brutalement, l'enchainé l'attrapa par la taille et fit partir son cheval au galop. Henry voulut se débattre mais il sentit la crosse du fusil venir frapper son cou. Et puis plus rien.
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Henry avait dormi une partie de la soirée, torturé dans ses rêves par le fait d'être maintenant totalement orphelin. Il se raisonnait en se disant que William Antrim ne l'avait jamais vraiment aimé. Mais malgré cela, il tremblait. Il ouvrit les yeux. Il était dans une espèce de grotte. Devant lui il y avait un grand feu qui crépitait. Il écouta des pas derrière lui, mais il lui était impossible de se tourner, ficelé comme il était. Une femme vint pourtant s'accroupir à ses cotés et retira les câbles qui retenaient ses bras et ses jambes. Celle-ci vint ensuite s'assoier en face d'Henry, retirant par la même un des bouts de viande en train de cuire :
"- Sers toi avant que ça crame."
Henry, bien que sous le choc, s'exécuta. Tout en mangeant, il regardait avec passion la femme face à lui. Celle-ci, intriguée, lui demanda :
"- Qu'est ce qui y a ? Tu es surpris ?
- Bah je pensais pas que..
- Qu'un bandit si barbare pouvait être une femme ?
- Bah... Oui.."
La femme rigola gorge déployée. Elle devait avoir un peu moins de 30ans, elle avait des cheveux blonds, qui ressemblaient à de la paille et les yeux bleus. Tout son corps était couvert de cicatrices et d'ecchymoses, surtout ses jambes. Ses jambes... Où trônaient les deux grosses chaînes et les tatouages, si craints dans l'Ouest entier. Elle s'arrêta de rire, voyant l'admriation dans le regard d'Henry. Lui adressant un petit sourire, elle lui tendit la main :
"- Régante. Régante Bill.
- Henry ! William Henry Antrim !"
Régante retira sa main, puis elle lui lança :
"- Je suis désolée mon chou mais maintenant que tu connais mon visage et mon nom, je vais devoir te tuer."
Henry, effaré, se reculant précipitamment, cherchant de quoi se défendre mais Régante explosa à nouveau de rire :
"- Meuh nan je te taquine. De toute manière si tu leur dis que l'enchainé est une fille, tous te riront au nez.."
Régante stoppa à nouveau son rire voyant le visage triste d'Henry.
"- Pleures pas. Demain à la première heure, je te déposerai tout près du comté de Lincoln, et tu pourras retrouver ta mère... "
Elle se leva et epousta son pantalon couvert de poussière.
"- Je suis désolée pour ton père petit.. Je ne pouvais pas partir avec lui dans les parages, et en plus, il te menaçait non ?
- A vrai dire, c'était mon beau père.. J'ai pas connu mon vrai père, et quand ma mère l'a épousé, j'ai pris son nom.. Mais de toute manière je ne l'aime pas... Il a fait de mon enfance un cauchemar ! Et après la mort de maman, ça a été pire.."
Henry se leva brutalement, il serra les poings.
"- Je l'aurai tué, j'aurai pu le tuer."
Régante le regarda l'oeil en coin. Ce petit bonhomme la fit sourire. Elle se leva pour donner un peu d'avoine à son cheval puis se saisissant d'un Colt, elle le lança à Henry tout en lui disant :
"- Sais tu au moins t'en servir ?"
Henry le rattrapa maladroitement de volée, et le prit dans sa toute frêle main.
"- Et bien.. Ouais
- T'es pas un peu jeune pour ça ?
- J'ai 15 ans !
- Et bien tu ne les fais pas...
- JE SAIS ! "
Henry s'énerva à nouveau, il empoigna virilement le pistolet, pointa une sorte de bouteille en verre, et la brisa du premier coup. Régante ébahie pendant les premiers instants, explosa de rire.
"- Bien gamin !
- NE M'APPELES PAS GAMIN !"
Il aurait voulu lui exprimer sa rage, sa rage d'être toujours considéré comme un enfant, et sa rage de lui servir d'otage sans qu'il n'est mot à dire mais Régante venait d'oter son manteau de bison, révélant le corps d'une femme mûre, dans la beauté de l'âge. Henry, lui qui avait toujours été le bon dernier avec les filles, comme en terme de croissance, resta bouché bée.
"- C'est un peu la tête que font mes victimes.." Ricana Régante.
Henry comprenait tout à présent. Les gens, étonnés tout comme lui de découvrir que l'enchainé, était une femme, en restaient abasourdis. Mais une question le taraudait encore.
"- Et ses croix... Qu'est ce qu'elles signifient ?"
Régante soupira tout en se rasseyant. Elle regarda Henry, le visage interrogateur et elle lui dit dans un murmure tout en frottant ses chevilles :
"- Tu vois.. Il y a des gens dont je dois me venger, et mes meurtres ce sont mes vengeances.. Le reste, tout ce qui me décrit comme un tueur sanguinaire c'est des racontars. En fait, quand je croise un témoin, ou quelqu'un qui me veut du mal.. Quelqu'un qui m'a dénoncé ou autre, je m'avance vers lui, et je regarde le pied que j'ai posé vers lui en premier. Si c'est ma jambe gauche, et donc la croix blanche, je le gracie. Et si c'est la noire..."
Elle saisit son fusil, l'arma, puis tira sur l'assieste en métal aux pieds d'Henry où la balle résonna avant de repartir se loger au fond d'un des murs de la caverne.
"- C'est la mort.
- Mais c'est du hasard !
- Exactement. Et dis toi que le hasard t'a sauvé."
Henry se rappelait maintenant. Dans la ruelle, la croix blanche aux reflets devant lui.. Et maintenant, il remercia Dieu d'être devenu l'otage de Régante et non l'une de ses innombrables victimes.
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Les mois qui suivirent ne furent que pur bonheur aux yeux d'Henry. Il avait refusé catégoriquement de retourner au Comté de Lincoln, allant jusqu'à promettre à Régante de devenir son plus fidèle comparse. Quelques années plus tard, on aurait appelé ça le syndrome de Stockholm. Mais au fond, Régante l'aimait bien aussi, et elle le traitait comme un petit frère.
Il était devenu cowboy en Arizona, et tout se passait pour le mieux. Il avait un véritable talent pour les armes, et Régante se chargeait de l'entretenir par des exercices. Aux cotés de cette femme, Henry vivait enfin le bonheur qu'il aurait voulu depuis longtemps.. Elle était souriante, mais aussi terriblement macabre.. Tout ce lourd passé, tous ses meurtres, la manière qu'elle a de ne pas être dans le stéréotype de la femme à la maison. Elle lui apportait chaque semaine des livres, et Henry les adorait. Il faisait aussi beaucoup de sport, et même s'il restait relativement petit pour son âge, il était musclé et athlétique.
Il essayait aussi de dessiner, et pour modèle il prenait toujours Régante, qui gênée le menaçait de son fusil. Henry avait crée une véritable complicité avec elle, et dès lors qu'il la savait sur un coup dangereux, il l'attendait à quelques pas, le fusil armé. Rien n'était trop beau pour la protéger. Au fil des nuits, Henry en apprenait plus sur Régante, qui lui tressait son histoire.. Elle aussi était orpheline, et son tuteur un homme violent et peu scrupuleux, lui faisait vivre le pire pour une femme. Elle a décidé de le fuir un jour, a à peine 14ans, ce qui lui faisait pensé qu'elle comprennait bien Henry. Elle s'était ensuite allié à pas mal de types louches pour sa propre survie, et elle s'était fait pas mal d'ennemis.. Finalement, un soir, Henry apprit que tout récemment, Régante avait quitté son compagnon, un chasseur de bisons, et que depuis il lui ruinait la vie, et elle cherchait à le fuir. Quand elle parlait de lui, on lisait dans ses yeux mélancolie et tristesse, et Henry se trouva bien bête de ne pas faire le poids pour l'aider.
Alors chaque jour, et chaque surlendemain il s'entrainait ardemment. Un soir tandis qu'il s'entrainait depuis l'après-midi, il tomba soudainement dans une fatigue extrême. Écroulé, suffocant, il sentait son coeur se contracté, se serrait encore et toujours. Alors qu'il pensait avoir succomber à ses douleurs depuis longtemps, il écouta la voix de Régante au dessus de lui, une voix rassurante et empressée. Quand il se réveilla, il était allongé, torse nu dans la grotte, un bandage autour du buste. Il se redressa difficilement sur ses coudes, mais Régante accourut pour le lui interdire :
"- Tu dois te reposer sale gosse ! Tu m'as fais une de ses peurs !"
Régante était à peine couverte d'une chemise, et elle semblait avoir passé une nuit blanche. Il faisait nuit, mais la pleine lune illuminait l'entrée de la grotte. Henry remarqua alors le reflet de deux petites larmes au coin des jolis yeux bleus de Régante. Contre son interdiction il se redressa, prenant doucement son visage entre ses mains. Régante, paralysée, ne faisant que lui répétait " Mais qu'est ce que tu fais ? ".
Ce soir là, Henry passa du stade d'enfant, au stade d'homme. Un homme grand d'amour, un homme grand de promesses et d'envies.
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Les jours coulaient dans une harmonie parfaite, tant et si bien que Henry se pinçait tous les matins quand il voyait le corps de Régante, allongée tout contre lui. Il se sentait puissant, invincible face au temps, il voyait sa vie se déroulait devant lui comme un tapis rouge vers la gloire, l'amour & la fortune. Tout ce qu'il venait d'acquérir, devenait comme une part indivisible de son âme. Et peut-être un peu vite, il en devint vantard et insolent; ne doutant plus et ne se rappelant pas que tout perdre peut arriver en un instant.
C'est ainsi qu'un jour, alors qu'il revenait de la ville, il vit Black-side, l'étalon de Régante courir en liberté. Il le rattrapa comme il en avait l'habitude lorsqu'il apprenait à monter l'animal, puis le rattachant à son endroit habituel, il fut pris de panique. Régante n'était jamais loin quand Black-side était libre pourtant elle n'était nulle part. Il courut le plus vite qu'il put vers leur grotte. Deux chevaux étaient en attente devant l'entrée. Henry avait la boule au ventre. Régante ne recevait jamais de visite.
Il connaissait une petite entrée discrète pour arriver par le fond de la grotte, il s'y précipita donc. A l'intérieur, il marcha à pas de loups vers le campement qu'ils avaient installés. Plus il s'approchait, plus il distinguait des sons. Alors qu'il avançait de plus en plus calmement, en tâtonnant la paroi, il sentait son coeur se contractait et chaque palpitation lui brisait la cage thoracique. Il voyait à présent la lumière du campement, et écoutait des bruits de pas, et Ô malheur des sanglots. Il posa sa main sur son colt, sentant la colère et l'inquietude l'empoignait férocement quand tout à coup un tir retenti brutalement dans toute la caverne. Henry s'abaissa, les mains sur la tête comme pour se protéger mais il écouta un long râle de douleur. La longue complainte douloureuse de la chair qui se déchire. Le long cri aux notes aigus qui lui déchira le coeur.
Les chevaux à l'extérieur s'étaient de même cabrés, et Henry sous le choc, le coeur explosé, et le souffle court, écouta des pas, au moins de deux hommes, se précipitaient hors de la grotte. Dans un élan de craintes, il se leva, et accouru vers le campement. Régante était allongée à terre, encore vivante. Il remercia Dieu et faillit s'écrouler à genoux, de bonheur. Cependant, son visage quitta l'air de béatitude en un instant. Régante souffrait visiblement beaucoup et en parcourant son corps des yeux, Henry comprit en quelques secondes. Ses vêtements déchirés, son bas ventre ensanglanté.. Sa jolie chemise blanche, jadis si fraîche et pure, à présent lacérée, écartelée.. Et d'un rouge sanglant.. Elle se tenait la jambe droite, étendue dans une flaque de sang à la densité sombre... Ses yeux étaient fermés, cousus de larmes, qui trempaient son visage. Henry tomba à terre. Régante ouvrit difficilement les yeux. Il lui prit le visage. Ses frêles mains ne bloquaient pas le flot continu de douleurs de la femme. Il pleura à son tour. Régante lui susurra entres deux sanglots ;
"- Pars.. Ne me regardes pas.."
Henry ne voulait pas.. Il voulait prendre son colt et mourir ici-même avec Régante. Au loin les pas revenaient d'entrer dans la grotte. Sa pomme d'Adam se contracta, et ses mains tremblaient. Il allait les tuer. Mais Régante le suppliait de partir. Il en avait marre de fuir. Il se leva d'un bond, et saisit son revolver. Un homme apparu armait d'un fusil. Il fut surpris de la présence d'Henry mais d'un bond il cala son fusil sur son épaule. Trop tard.
Sans paraître effrayer par son acte, Henry affichait un regard avide de vengeance. Il s'appreta à partir vers le second homme, qu'il savait à l'extérieur près des chevaux, mais le souffle brisé de Régante le ramena à terre. Elle s'y trouvait plus blanche que jamais. Bien loin de là, sa jolie peau halée.. Même ses doux cheveux blonds avaient mystérieusement vieillis. Henry voulait le nier, il voulait la rassurer et lui jurer qu'elle s'en sortirait mais il le savait pertinemment. L'odeur de la mort se faisait sentir, il n'y aura plus de corps à corps, il sent qu'elle va bientôt mourir. Alors il se pencha au dessus d'elle, déposant un dernier baiser sur son front. Régante lui murmura dans un dernier souffle :
"-Les croix.. Prends les.."
Henry baissa son regard au niveau de ses jambes nues et fatiguées. Les deux croix, toujours intactes, se tenaient au milieu des chaînes. Il s'en empara et il promit à Régante de toujours les garder contre son coeur. Régante lui accorda un dernier sourire afin que son souffle ne s'éteigne.
Henry s'étouffa. De pleurs, d'angoisse, de tristesse, de colère. Il ferma délicatement ses jolis yeux bleus. Et il se leva. Il avait totalement oublié le second homme. Il s'en fichait. Le tuer ne lui rapporterait pas Régante. Alors il marcha, il partit tout au fond de la grotte, là où la cavité s'effronde et il s'effronda aussi.
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Il ne sait pas combien de temps il pleura mais il fut soudain interrompu par un poing frappant le sol brutalement et une voix rauque montrant la déception. Il se rappela maintenant. Le second homme. Il prit son Colt férocement et partit le regard froncé vers l'endroit où le corps de Régante gisait encore. Il écouta alors des pas qui s'enfuient. Il se mit à courir, comprenant que sa proie lui échappait mais il arriva trop tard. Le corps de Régante était encore allongée et un peu plus loin, cas semblable pour le premier homme. Il voulut s'approcher de lui, pour dévisager et cracher au visage de ce meurtrier, mais son pied fit craquer quelque chose. Il baissa le regard. Une petite chaînette dorée était étendue sur le sol, juste à côté des imposantes chaînes de Régante.
Henry se releva, la main encore ouverte sur le petit bijou. Il la ferma avec rage, enfonçant ses ongles et le petit métal dans ses mains encore humides des pleurs de Régante et des siens. Et regardant à l'horizon, où on voyait distinctement un nuage de fumée provoqué par le passage d'un cheval pressé, il pesta " Tu ne t'en sortiras pas. Je jure ici même que je consacrerai ma vie à te retrouver et à te tuer. "
Il baissa la tête, ré-ouvrant son poing.
"Patrick.."
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